Session de VTT enduro hier dans l’un de mes massifs préférés en Provence. Au départ d’un singletrack que je connais bien, de loin j’aperçois un attroupement : des hommes en bleu et plusieurs voitures. Totalement inhabituel à cet endroit, si ce n’est parfois les chasseurs.
L’Office National des Forêts
Je fais ma boucle comme prévu, qui me ramène au même endroit une heure plus tard. Ils sont toujours là, et ce sont bien des gendarmes accompagnés d’agents de l’Office National des Forêts. Ils viennent d’interpeller trois individus en moto (strictement interdites à cet endroit) ; il y a eu délit de fuite.
J’engage la conversation, car c’est une opportunité de comprendre leur mission et le cadre de ce qui est permis — et pourquoi. L’agent de l’ONF qui me répond va prendre un bon quart d’heure pour m’expliquer. Même s’il est peu probable qu’il lise ces lignes, je le remercie de sa courtoisie, du temps accordé et de la précision de ses réponses. Il avait vraiment une vision globale du sujet. Il a été question de tolérance de passage, d’espace public, de territoires communaux, de chasseurs, de propriétaires terriens, d’usages, de risques de responsabilité, de protection de la nature, et d’interdictions aussi
Gestion des usages
Il y avait évidemment beaucoup de notions que je connaissais, mais voici ce que je retiens :
- La gestion de « la nature », en l’occurrence la forêt, est un sujet très complexe et parfois peu compréhensible pour les « usagers ». Je n’aime pas ce mot, mais il est adapté et utilisé dans ce contexte. On parle d’ailleurs parfois de conflit d’usage.
- Il existe en France des structures et des personnes sur le terrain chargées de ces espaces — l’ONF dans notre contexte. Et c’est très bien.
- On pourrait en parler des heures, mais il y a en France une complexité juridique telle qu’un simple sentier — un singletrack en langage VTT — est finalement encadré par un nombre de règles qu’on ne soupçonne pas et qu’il est presque impossible de connaître en totalité.
- La pratique libre, très répandue et finalement connue des autorités, manque d’interlocuteurs, beaucoup de pratiquants n’étant pas dans les girons des clubs et des fédérations.
Cette anecdote ne surprendra pas les équipes de la Mountain Bikers Foundation, ceux qui, sur le terrain, essayent de faire avancer le dialogue. Ils sont malgré tout nombreux. Le VTT en général n’avait rien à se reprocher hier, mais la liberté d’aller dans la nature (en vélo ou à pied) se heurtera de plus en plus à un besoin de gestion et de protection de l’espace, à mesure que le succès des pratiques en nature (outdoor en général : grimpe, rando, trail, etc.) ira grandissant. Et il faudra en revenir à des communautés structurées localement pour, à la fois, défendre les pratiques et contribuer activement à la gestion des espaces. Il y a aussi des emplois à la clé, puisque c’est un enjeu touristique.
